dimanche 17 novembre 2013

Jo. COAT (1897 - 1969)




Nous complétons la notice biographique de Jo. COAT de quelques œuvres. Comme nous le rappelait Le Télégramme en commentaire d'une exposition de septembre 2012, l'artiste douarneniste fut un homme discret, connu pour sa gentillesse. Des qualités qui siéent parfaitement à ces marines spontanées que l'artiste réalisait avec talent.



samedi 2 novembre 2013

Gunnar NORRMAN (1912 - 2005)



   Gunnar NORRMAN est né en 1912 à Malmö. Il suit des études de botaniste et de chimie à l’Université de Lund et s’installe dans la petite ville côtière limitrophe de Lomma. C’est à l’université qu’il rencontre Ulla Sylvén (1919 - 2012), fille de son professeur de sciences, qui deviendra son épouse en 1951. Pianiste de grand talent, passionné de Brahms, Reger et Schumann, Gunnar Norrman embrasse in fine la carrière d’artiste au début des années 30. Après la peinture, il se tourne exclusivement vers le dessin et l’estampe dont il deviendra un maître. Ses premières expositions en Suède remontent au milieu des années 30. Présentes sur tous les continents, elles ne cesseront qu’à la disparition de l’artiste en 2005. Avec plus de 1000 œuvres et 15000 éditions, l’œuvre de Gunnar Norrman doit beaucoup au précieux concours d'Ulla qui travaillait l’encre, les papiers, et l’impression. Le couple voyage et réside notamment en France sur la côte Atlantique. Au début des années 80, l’artiste expose au Japon ainsi qu’à New-York à la Galerie Fitch-Febvrel qui produira en 2003 le catalogue raisonné de l’artiste. A ces dates, le Metropolitan Museum of Art acquière certaines œuvres. Il sera suivi dans les années 90 par le British Museum.      


Lors de l’exposition en 1986 des œuvres de Gunnar Norrman dans la galerie parisienne Claude Bernard, le poète Paul De Roux écrira : « Avec du gris, du blanc, du noir, le rayonnement. Des arbres, une nappe d’eau qui réfléchit presque imperceptiblement la lumière. C’est un univers souvent aquatique. Parfois crépusculaire : est-ce pour que la lumière, ténue, n’y apparaisse que plus précieuse ? (…). Des dessins, des peintures qui sont des formes de  prières. Alors ils demandent de celui qui les regarde un effort de contemplation, à tout le moins une certaine disposition d’esprit. Mais c’est ce même effort qui est demandé par un arbre et auquel le dessinateur a consenti. »


Gunnar Norrman aura laissé une œuvre profonde à l’humilité précieuse. L’artiste qui fit, telle une marque de dépouillement, le choix du dessin et de l’estampe, représenta une nature vierge et calme aux confins d'un monde onirique. Celle des horizons lointains des rivages de la Scanie, celle plus primaire, du monde végétal. Dans un entretien de novembre 1985 à Jean Paget*, l’artiste évoquait son attachement à la nature en ces termes : « Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Quelque chose d’infiniment petit. La nature est extraordinaire et la présence de l’homme très relative. Il existe une mémoire des saisons plus fortes que celle de l’homme. » Dans d’infinies nuances d’anthracite, le vide des scènes n’est qu’apparence et cette ascèse picturale nous renvoie silencieusement à ce que nous sommes et à nos aspirations. Il s’agit bien comme le dit avec justesse Paul De Roux, d’une œuvre à l’esthétisme religieux proche de l’art et de la sagesse chinoise que l’artiste affectionnait.


A l’âge de 93 ans et après pas moins de 63 années d’exposition, ce grand dessinateur et lithographe suédois  s’éteindra dans sa ville natale de Malmö. Son épouse Ulla le rejoint en 2012.  


* : In Gunnar Norrman, Galerie Claude Bernard, presse Tryckeriteknik AB, Malmö, Suède. 1986  

vendredi 1 novembre 2013

Henri ROYER (1869 - 1938)

 

   Henri-Paul ROYER naît à Nancy le 22 janvier 1869. Originaire des Vosges, son père Jules (1845 - 1900), lithographe, développera brillamment sa petite imprimerie à Nancy (photo ci-contre). Si le jeune Henri grandit dans cet univers proche des arts, il est à n’en pas douter un enfant talentueux. Son parcours l’amène à intégrer les Beaux-Arts de Paris puis l’Académie Julian à compter de 1888. Il a pour maîtres Louis-Théodore Devilly (1818 - 1886), François Flameng (1856 - 1923) et Jules Lefebvre (1836 - 1911). C’est auprès de ces deux derniers peintres qu’Henri Royer va développer cette parfaite maîtrise du dessin et plus particulièrement du portrait qui le rendra rapidement célèbre. L’Oeuvre d’Art dans son numéro du 5 mai 1893, nous évoque l’artiste dans la colonne Les Symbolistes païens, en ces termes : « (…) Mettons en parallèle avec le jeune peintre de retour de Rome, M. Henri Royer, un jeune aussi dont les envois seront très remarqués (…). M. Henri Royer ! retenez ce nom, c’est celui d’un beau peintre qui fera parler de lui ». L’artiste devient le portraitiste de l’aristocratie et du monde politique.


Les récompenses vont se succéder ; il reçoit au Salon de 1891 une médaille de 3ème classe, puis, est de nouveau gratifié d’une médaille de seconde classe au Salon de 1894 et d’une médaille d’or de la Société des Artistes Français. Dorénavant hors concours, le peintre voyage énormément tant en Amérique qu’en Europe, mais c’est la Bretagne où il se rend en 1896 avec son épouse, qui deviendra la source principale de son œuvre. Il y peint une de ses toiles emblématiques : L’Ex-voto (photo ci-dessous). Cette peinture de 2,2 m sur 1,8 m visible au Musée des Beaux-Arts de Quimper reçoit en 1898 le prix du Salon. Elle symbolisera parfaitement la dimension humaniste et chrétienne de la peinture d’Henri Royer.


Au-delà de la facture académique de ses œuvres, l’artiste sut développer une peinture sensible où les femmes tiennent une place centrale. Dans le matriarcat qui règne alors en Bretagne, le peintre réalise de nombreux portraits attachants des filles, épouses ou mères de ces marins absents. Cette fibre sociale le rapproche d’artistes comme Jules-Bastien Lepage (1848 - 1884) ou Jules Breton (1827 - 1906). En 1900, Henri Royer est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Son dossier nous apprend que c’est un autre artiste lorrain, Émile Friant (1863 - 1932), qui l’introduit en tant que parrain. Après en avoir été l’élève, Henri Royer est professeur aux Beaux-Arts de Paris et à l’Académie Julian. Il expose dans de nombreuses villes d’Europe. Mobilisé le 2 août 1914 pour quatre années de guerre, le peintre en revient comme officier distingué de la Croix de Guerre et de la Military Cross. Devenu membre du Comité, du Jury et du Conseil d’Administration de la Société des Artistes Français puis vice-président de 1922 à 1925, Henri Royer est un artiste accompli à la notoriété assise. Le critique Eugène Soubeyre écrit ainsi en 1920 dans La Nouvelle Revue : « (…) M. Royer a peu de rivaux dans le portrait au crayon sec. Il y apporte une sûreté de trait et une distinction rare. ». Le contraste entre le caractère soigné de ses œuvres et leurs sujets à dimension sociale lui sera cependant quelquefois reproché. La Nouvelle Revue écrit ainsi en 1922 : « Le Vieux pêcheur, d’Henry Royer a des mains bien soignées, car ce peintre délicat n’aime pas à peindre des mains calleuses. Mais cette aversion de la réalité se retrouve aussi dans sa peinture aristocratique : voyez ce double portrait en pied : Portrait de Mme et de Mlle E. C. ; travail bien soigné, sans doute, mais combien les gestes sont compassés, et le naturel chassé de ces visages exsangues, qu’on a voulu jolis et qui ne vivent pas. » La critique est sans indulgence mais dans ces scènes bretonnes, la douleur ennoblie n'était-elle pas fidèle à la pudeur des femmes et des hommes de l'Armor ? Au-delà d'un académisme aristocratique, ce voile posé par le peintre fut avant tout la marque d'un sincère et profond respect.


Henri Royer est fait officier de la Légion d’Honneur en 1931. Le peintre Paul Chabas (1869 - 1937) membre de l’Institut et lui-même Commandeur, est son parrain. Le peintre s‘éteindra en 1938 à Neuilly sur Seine à l’âge de 69 ans.