samedi 16 février 2013

Will OSBORN (1868 - 1906)

  
   Communautés libres, cosmopolites et souvent bohèmes, les colonies d’artistes marquèrent véritablement le XIXème siècle. Elles se développèrent dans tous les pays fréquemment en réaction aux rigueurs des enseignements académiques. Un rapport étroit à la nature et aux hommes était au centre de cette expérience collective empreinte de liberté. Le développement des moyens de transport notamment ferroviaires, favorisa progressivement l’éloignement des capitales. En France, la Bretagne, la Normandie succèderont ainsi à la forêt de Fontainebleau. Ces colonies s’implantèrent souvent au bord de l’eau, que ce soit celle des rivières ou des bords de mer. Anseremme en Belgique, Skagen au Danemark, Pont-Aven en Bretagne ou plus loin, Carmel en Californie ; tous ces lieux de villégiatures offraient aux artistes les motifs et les images à même de satisfaire leur désir de création pleinairiste. L’Angleterre connut un mouvement identique avec les colonies d’artistes de Newlyn, Lamorna et Saint Ives. Finis terrae anglaise, la Cornouailles bénéficia en 1877 du prolongement de la ligne ferroviaire, la Great Western Railway, la rendant ainsi plus accessible. De nombreux artistes s’installèrent alors dans cette région au climat doux et au cadre verdoyant. La proximité de la mer, ses lumières et ses villages de pêcheurs offraient aux peintres naturalistes de magnifiques sujets.


   William Evelyn OSBORN dit Will Osborn y arrive dans les années 1890. Le Cornwall Artist Index* nous apprend qu’il est alors âgé d’une vingtaine d’années. Aîné de la famille, il est né en 1868 à Londres, dans le quartier de Saint Pancras. Son père, Edward, est inspecteur du travail au service de la Royauté. Nous n’avons aucune information sur l’origine de sa vocation d’artiste ou sa formation. Will Osborn sera rapidement membre du Saint-Ives Art Club créé en 1888 notamment de son cercle d’art photographique The Studio. On le voit ici assis au centre de cette photo d’une réunion du Club en 1895.


L’artiste vit à The Terrace, quartier de Saint-Ives qui surplombe le port. La vie de bohème est rude et l’artiste troque ses œuvres contre nourriture et loyers. Est-ce au sein du Club que Will rencontre sa future épouse, l’artiste Dorothy Worden? Née en 1868 à Newcastle, Dorothy est arrivée de Londres où elle résidait en 1891. Peut-être ce départ vers l’ouest fut-il déjà une décision du couple ? Dorothy intègre le Club en 1893 et se marie à Will en 1896 à Exeter. Elle expose à la Royal Cornwall Polytechnic Society de Falmouth de 1893 à 1896. Les sujets sont communs et illustrent Saint-Ives et la Cornouailles.


Au début des années 1900, le couple part vivre dans la petite ville de Ludlow dans le comté de Shropshire. Ils exposent à Londres où Dorothy présente à la Galerie Ryder des aquarelles remarquées par la fameuse revue The Studio. En 1906, Will décède brusquement à l'âge de 38 ans, sans doute d’un surdosage médicamenteux. Dorothy se remariera l’année suivante.


Si l’histoire de ce couple ne se résume malheureusement qu'à quelques clichés et notes biographiques, le Saint-Ives Art Club continue vaillamment d’exister 125 ans après sa naissance, et ce, malgré l’assaut des vagues des tempêtes hivernales qui frappent quelquefois ses murs de planches noires.


L’art reste l’âme de cette petite ville de Cornouailles qui a accueilli tant d’artistes, de la sculptrice Barbara Hepworth (1903 - 1975) à Mark Rothko (1903 - 1970). Comme un trait d’union entre ces générations d’artistes, le Saint-Ives Art Club côtoie depuis 1993 une antenne de la prestigieuse Tate Gallery dominant la plage de Porthmeor.
 
St Ives Artists' Colony
Mark Kauffman
  

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