lundi 26 novembre 2012

The Beaney


   Après plusieurs années de travaux, le Musée de Cantorbéry, The Beaney*, vient de rouvrir ses portes. Située dans le Kent, cette maison des arts et de la connaissance fut fondée en 1858 et bénéficia du legs du Dr James George Beaney. La Reine Victoria lui confère le titre de Musée royal en 1899. Au pied de l'impressionnante cathédrale, ce musée hétéroclite et plein de charme se situe au coeur de cette ville dont Virginia Woolf disait : "There is no lovelier place in the world than Canterbury".


Vous y découvrirez notamment The Little Girl at the Door peinte en 1910 par Harriet Halhed (1850 - 1933, photo ci-dessus) qui fait écho à l'attachant portrait de Marguerite Van Mons de Théo Van Rysselberghe (1862 - 1926) peint 24 ans plus tôt et visible au Musée de Gant (ci-dessous). Ces deux jeunes filles aux robes noires partent-elles ? ou nous dissuadent-elles d'ouvrir ces portes ? A dessein, le défaut d'expression de leurs visages n'apporte pas de réponses. Ces simples portraits deviennent des oeuvres énigmatiques dont on se plaît à chercher le sens caché.  
 

Pelle SWEDLUND (1865 - 1947)

 

   Per Adolf dit Pelle SWEDLUND naît le 6 octobre 1865 près de la mer Baltique à Gälve en Suède. Son père, professeur de Lycée l’oriente sans doute vers l’enseignement et après de brèves études à Upsal, Pelle devient instituteur dans sa ville de Gälve. La perspective de cet avenir trop vite écrit le pousse peut être à embrasser la vie d’artiste. Il part à Stockholm et rentre à 21 ans aux Beaux-Arts. Il en ressortira médaillé trois ans plus tard. En 1892, il quitte la Suède pour la France et intègre l’Académie Julian. Nous n’avons que peu de détails sur son passage en France. A-t-il fréquenté la colonie d’artistes scandinaves de Grez-sur-Loing ? Aucune trace ne l’atteste. Il est vrai que la présence des artistes nordiques dans ce village des abords de la forêt de Fontainebleau fut à son apogée dans les années 80.


Pelle Swedlund visite la Bretagne. Le caractère symboliste et synthétiste que prendra son œuvre est peut être né en pays breton. Durant ces années 90, il n’est pas exclu que Pelle Swedlund ait fréquenté à Paris son compatriote Ivan Aguéli (1869 - 1917) qui fut initié au symbolisme et à la pratique de la peinture synthétique par Emile Bernard (1868 - 1941). L’artiste visite l’Italie et s’installera en Flandre dans la ville de Bruges qu’il affectionne particulièrement. Il expose à Stockholm en 1899, date des premières acquisitions de ses œuvres par les musées nationaux dont celui de Göteborg.


L’artiste revient en Suède au début de XXème. Il expose à Munich en 1905, puis à Göteborg en 1906 et Stockholm en 1912. Pelle Swedlund peint de nombreuses marines et soleils couchants sur l’île de Gotland. L’artiste ne souhaite retenir que l’essentiel. Les formes sont réduites en aplats sombres qui mettent en valeur les dernières lumières du crépuscule. Une ombre humaine souligne parfois un sentiment romantique de solitude. Aussi colorées soient elles, ces peintures sont l’expression d’une même mélancolie, sans doute celle de cet artiste solitaire alors en fin de vie. L’œuvre et le parcours de Pelle Swedlund ne sont pas sans ressemblances avec la vie de l’artiste américain, Albert Pinkham Ryder (1847 - 1917).


Pelle Swedlund sera pendant 14 ans de 1932 à 1946 le Conservateur de la Galerie Thiel* à Stockholm. Resté célibataire, l’artiste s’éteint dans son village natal de Gälve en 1947 à l’âge de 82 ans.



* : riche banquier avant de faire faillite, Ernest Thiel (1859 - 1947) et sa première épouse Anna Josephson collectionnèrent les œuvres de l’avant-garde scandinaves aujourd'hui toujours visibles à la Galerie Thiel à Stockholm.