dimanche 17 avril 2011

Georges RICARD CORDINGLEY (1873 - 1939)


  
   Georges RICARD CORDINGLEY est né à Lyon en 1873 de père français et de mère anglaise. Il débute son apprentissage en 1887 auprès du peintre boulonnais Jean-Charles Cazin (1841 - 1901), puis passe deux années aux Beaux-Arts de Lyon. Il intègre l’Académie Julian en 1889 où il aura pour professeur Benjamin-Constant (1845 - 1902), Louis Martinet (1814 -1895) et Jules Lefebvre (1836 - 1911).


La vie de Georges Ricard Cordingley sera celle d’un artiste engagé qui consacra l’essentiel de son œuvre au monde maritime. Orphelin à 19 ans, il rejoint Londres. La famille de sa mère est au service de la Royauté. Il est présenté à la Reine Victoria qui acquiert trois de ses marines. La revue The British Architect nous apprend que l’artiste sera même invité en 1893 au château de Balmoral. On imagine l’émotion de ce jeune peintre tout juste âgé de vingt ans face à la souveraine alors au fait de son règne.


Devenu portraitiste de la gentry, il délaissera bientôt ce monde de cour pour prendre le large. L’homme est en quête d’une autre noblesse. «La vie d’artiste doit être d’un profond recueillement, il faut anoblir sa vie pour anoblir son œuvre» dira-t-il. La philosophie de Georges Ricard-Cordingley répond parfaitement aux codes du monde maritime empreints de vérité, d’abnégation et de travail. Son naufrage à Terre-Neuve scellera son engagement auprès des gens de mer qu’il croquera sans relâche. Au-delà des ses marines impressionnistes aux subtiles atmosphères, Georges Ricard Cordingley est en effet un dessinateur de grand talent.


Grand voyageur, Georges Ricard-Cordingley parcourut de nombreux pays : l’Australie, la Suisse, le Maroc tout en restant fidèle à son pays d’origine la France. Il résidera à Boulogne, Neuilly puis Cannes où il exposera jusqu’à son décès en 1939. Ajoutons que l’artiste eut trois enfants ; Éliane (1913 - 1945), Louis, lieutenant des Forces aériennes françaises libres qui disparut en service aérien en 1942, et enfin Gabrielle, née en 1924, qui de façon touchante évoque son père dans Le Voyage de Georges Ricard Cordingley, film documentaire de Yves Legrain Crist*. En 2006 et 2007, les Musées de Toulon et de la Marine de Brest rendront un légitime hommage à ce brillant artiste que la mer inspira tant.


* : Kanari Films, 2003. 

dimanche 3 avril 2011

Albert PINOT (1875 - 1962)

  

   Albert PINOT naît en 1875 à Saint-Gilles au sud de la ville de Bruxelles d’un père français et d’une mère belge. Il débutera sa formation artistique en 1890 à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles auprès de Joseph Stallaert (1825 - 1903), Grand Prix de Rome de 1848. Albert Pinot est naturalisé belge en 1894 à l’âge de 19 ans. Un an auparavant, en 1893, il est un des membres fondateurs du mouvement artistique bruxellois Le Sillon. Ce cercle présidé par Gustave-Max Stevens (1871 - 1946) sera à l’origine composé de jeunes artistes de l’Académie souhaitant revenir aux sources de la peinture flamande et à ses tonalités sombres. Plus prosaïquement, les nombreux peintres du Sillon suivront des parcours individuels, souvent proches de l’Impressionnisme. On les retrouve sur cette affiche de Frans Smeers (1873 – 1960) illustrant le 7ème Salon de 1900. De gauche à droite figurent Alfred Bastien (1873 – 1955) autre membre fondateur du Sillon avec qui Albert Pinot entretiendra une correspondance régulière, Frans Smeers, Philippe Swyncop (1878 – 1949), Maurice Wagemans (1877 – 1927) et Albert Pinot.


L'émouvante photo de 1899 ci-dessous nous présente ces artistes accompagnés pour certains de leur famille au Rouge-Cloître*. L'ancien prieuré au cadre magnifique est alors le lieu de rassemblement de cette communauté de peintres pleinairistes. De gauche à doite, apparaissent Frans Smeers, Henriette Bastien, Alice Degreef, Alfred Bastien, Demalander (?), Albert Pinot avec son haut-de-forme, Amédée Degreef (1878 - 1968) fils du peintre Jean Degreef (1852 - 1894) qui y résida plus de dix ans, Georgette Bastien, et enfin la petite Mariette Smeers.


A partir de 1919, Albert Pinot travaille à Paris puis revient s’installer définitivement à Bruxelles à compter de 1934. Le Nobel nous apprend que le plus français des peintres belges continue néanmoins à séjourner régulièrement à Paris, Anvers et Vétheuil. Il aime aussi travailler à Ostende ou Nieuport comme ses marines en témoignent. Ces deux œuvres illustrent parfaitement le commentaire du Rouge-Cloître sur ces peintres de plein air, qui annoncèrent un impressionnisme autochtone au sein duquel la primauté est donnée au temps de pluie de brume si caractéristique de nos régions. Héritiers du réalisme, ils y joignirent souvent avec finesse la captation du rendu atmosphérique.


A partir de 1944, Albert Pinot est président de la Société Royale Belge des Aquarellistes. Il décèdera à Ixelles en 1962.


* : Centre d'art toujours vivant, retrouvez l'histoire et l'actualité du Rouge-Cloître à l'adresse suivante : http://www.rouge-cloitre.be.